"En termes simples, on peut dire que 'De Mens' est le thème central des images de Marc De Corte. Si l'on devait en rester là, cependant, ce serait une simplification non autorisée.
Cette affirmation peut être illustrée par l'image suivante : Les images de Marc sont comme regarder la surface de l'eau dans laquelle l'homme se reflète. Marc De Corte ne s'arrête pas là, cependant, il ne reste pas à la surface de l'eau, mais plonge dans les profondeurs, faisant trembler, déformer et prendre une autre forme l'image. Le théâtre de l'apparition est brisé. Le masque éclate et révèle des fragments de l'homme intérieur.
Comment ces images sont-elles « construites » ?
Dans les œuvres très tangibles, l'absence de fond n'est pas une perte, mais elle renforce la puissance de l'image. Le langage du spectacle est dynamique, nerveux et erratique. Le spectre de couleurs étroit et surréaliste et la lumière diffuse renforcent cette impression. Cette négation d'un arrière-plan clairement défini soustrait les personnages représentés à toute notion de temps et d'espace. Ils semblent flotter dans l'air. L'arrière-plan agit ici comme le bun fantaisiste et ténébreux dont les personnages représentés ont besoin et à travers lequel ils acquièrent leur intensité.
Le contraste est savamment dosé : une limite fructueuse consiste à mettre l'accent sur les parties parlantes de la physionomie humaine, généralement les paupières comme miroir de l'âme, ou la bouche. Ils s'opposent à leur environnement et renvoient à la vision psychologisée de l'homme de Marc de Corte. L'accent mis sur des parties anatomiques spécifiques réduit également la vue du spectateur. Un dialogue intense s'établit entre regarder et être regardé. Un regard sur l'âme d'un étranger qui nous est si familier, l'homme en tant que tel. En tant que spectateurs, nous semblons être les témoins fortuits d'événements qui nous sont familiers de la vie quotidienne, mais dont nous savons que derrière la façade se cache une réalité indéfinie plus profonde.
C'est dans ce contraste du dévoilement et de l'occultation que réside la source d'un certain champ de tension dans les images présentées. Le sentiment d'être dans un état très fragile et la peur de rompre un certain équilibre frappent. Ce canon reste intact : Marc De Corte n'a pas besoin d'astuces : il est capable de créer des représentations simples de mouvements complexes qui rappellent par essence les dessins animés. Nous devenons témoins de nous-mêmes ici en tant que spectateurs."
Oliver Czarnetta - Docteur en histoire de l'art - Master en beaux-arts